Le marché de l’électricité en France
En France, le marché de l’électricité est plutôt vaste et complexe, du fait de la diversité des moyens de production et du nombre d’acteurs qui le compose.
Aujourd’hui, le fonctionnement de ce marché est remis en cause, notamment la fixation des prix qui fait débat et la source de production qui provient à environ 75% du nucléaire, dans un monde de plus en plus tourné vers l’écologie et la transition énergétique.
Dans cet article, nous analyserons l’état actuel du marché, étudierons les acteurs et la méthode de fixation des prix, ainsi que son évolution au fil des années et enfin, présenterons les défis et opportunités auxquels doit faire face ce marché pour les années futures.
État actuel du marché de l’électricité en France
A) Les acteurs du marché
Aujourd’hui nous retrouvons quatre intermédiaires sur la chaine de distribution de l’électricité jusqu’au consommateur final :
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Les producteurs
Les producteurs sont les entreprises qui fabriquent l’électricité en France pour la revendre soit en direct, soit via les fournisseurs d’énergie.
En effet, certaines entreprises sont à la fois, producteurs et fournisseurs.
Les deux principaux producteurs d’électricité en France sont EDF et ENGIE.
EDF est le producteur et exploitant historique de la majorité des centrales nucléaires en France. Il peut se targuer d’être le deuxième plus grand producteur de nucléaire au monde. EDF a également une dimension internationale puisqu’il possède des centrales de production dans de nombreux pays.
Tandis qu’ENGIE (EX GDF-SUEZ), est le second producteur électrique français, positionné à l’origine sur le gaz, il a su s’adapter au marché en faisant notamment l’acquisition d’un des leadeurs français du solaire (Solaire Direct).
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Les distributeurs
Les distributeurs, quant à eux, sont chargés de diffuser l’électricité au client final.
En, France, nous avons un acteur majeur, filiale d’EDF, nommé ENEDIS.
Cette entreprise veille à l’entretien des réseaux, à la qualité de l’énergie fournie, et relève les compteurs.
C’est notamment elle qui est à l’origine et qui gère les compteurs Linky.
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Les fournisseurs
Les fournisseurs d’énergie sont ceux qui commercialisent et vendent l’électricité aux consommateurs. En France, depuis 1946, un fournisseur (EDF) était à la fois le producteur et le fournisseur d’électricité.
Depuis l’ouverture du marché à la concurrence en 2007, près d’une quarantaine de fournisseurs dits « alternatif » sont entrés sur le marché. Nous retrouvons parmi eux Ekwateur (dédié à l’énergie verte), Priméo Energie, Vattenfall, TotalEnergies, Ohm énergie, Alpiq…
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Le gestionnaire du réseau
Enfin, nous retrouvons le gestionnaire du réseau de transport qui assure l’exploitation, le développement et l’entretien du réseau électrique français. L’acteur exclusif se nomme RTE (Réseau de transport d’électricité). C’est lui qui est chargé aussi d’alerter sur d’éventuelles tensions sur le réseau via son outil Ecowatt (la « météo » de l’électricité).
B) Production d’électricité en France
La France se fournit majoritairement via ses centrales nucléaires pour son électricité. On peut les retrouver à hauteur de 69% dans le mix énergétique français pour l’année 2021, dernier chiffre publié par RTE.
Une part qui a considérablement baissé depuis le mois de septembre 2022, avec une série de réacteurs mis à l’arrêt par l’exploitant EDF.
EDF a fait face à d’importants problèmes de corrosions qui l’ont obligé à fermer bon nombre de ses centrales. Mais il a aussi dû faire face aux maintenances obligatoires reportées de 2020 (crise sanitaire).
EDF avait annoncé, le 11 août 2022, que vingt-six réacteurs sur les cinquante-six que compte le parc nucléaire français étaient à l’arrêt.
Le 18 janvier 2023, nous sommes à 43 réacteurs disponibles sur 56 !
Avec la transition énergétique entamée par l’état français, la part issue du renouvelable augmente un peu plus chaque année. Nous pouvons noter la fermeture de la centrale à charbon de 600MW du Havre en 2021, signe que le gouvernement prend ce virage stratégique des énergies plus « vertueuses ».
On peut également ajouter l’accroissement du rythme de développement du solaire photovoltaïque qui a affiché un total de 2.7 GW nouvellement installé, ce qui portait le parc français à 13 GW en fin d’année 2021 (+26%).
Aujourd’hui, l’énergie solaire (panneaux photovoltaïques) représente 2,7% de la production d’électricité, l’éolien 7%, l’hydraulique 12%, le gaz 6,3% et dans une moindre mesure le charbon (0,7%), le fioul (0,4%) et les bioénergies (1,9%).
La production d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 522,9 TWh en 2021, soit 4,5% de plus qu’en 2020 (mais toujours 2,7% en deçà du niveau de 2019).
Pour l’année 2021, la production issue du nucléaire a bondi de 7,5% par rapport à 2020.
En revanche, la production issue de l’hydraulique et de l’éolien a baissé respectivement de 4,6% et de 7,3% par rapport à 2020.
Le solaire, quant à lui, continue son développement avec une augmentation de 12,6% par rapport à 2020.
C) Consommation d’électricité en France
Les derniers chiffres en dates publiés par RTE, en 2021, indiquent une consommation totale corrigée des aléas climatiques et des effets calendaires à 468 TWh.
La consommation est corrigée pour correspondre à la demande d’électricité qui aurait été observée si les températures avaient été les températures de références. Mais aussi pour s’affranchir des effets calendaires des années bissextiles qui comportent un jour de moins (on compte donc 365 jours dans le calcul).
Ce chiffre est en hausse de 1.7% par rapport à 2020, mais la consommation varie en fonction des différents secteurs d’activités.
En 2021, d’après le dernier chiffre publié par RTE, ce sont les entreprises et professionnels qui représentaient la plus grande part de la consommation finale d’électricité avec 46% pour 191,2 TWh, suivi de près par les particuliers avec 38% pour 155,2 TWh.
Enfin viennent les grandes industries qui pesaient pour près de 16% avec 66,4 TWh.
Les grandes industries sont dissociées des autres dans le calcul des données, car elles sont raccordées directement au réseau public de transport.
A noté que la crise sanitaire que l’on a connu n’a pas ou peu impacté ces chiffres qui restent relativement stables par rapport aux années antérieures (2020 et 2019) en termes de répartition.
Cependant, la consommation totale cumulée avait quand même chuté lors de la crise sanitaire en 2020. Celle-ci est ensuite repartie en 2021, sur les mêmes bases qu’avant la crise, bien boostée par les grandes industries électro-intensives.
Consommation par secteurs d’activités, Source RTE
D) Importations et exportations d’électricité en France
Dans son histoire, la France a toujours exporté plus d’électricité qu’elle en a importé et a donc toujours eu un solde positif.
Si on regarde les 5 dernières années (source RTE), on constate bien cette tendance :
- En 2017, le solde était de 38,0 TWh
- En 2018, le solde était de 60,2 TWh
- En 2019, le solde était de 55,7 TWh
- En 2020, le solde était de 43,2 TWh
- En 2021, le solde était de 43,1 TWh
Si on regarde plus en détail les derniers chiffres publiés en 2021, on était à 87,1 TWh d’export contre 44,0 TWh en import.
La France pratique essentiellement des échanges commerciaux avec ses voisins européens : Grande-Bretagne, Espagne, Suisse, Italie, CWE (Allemagne, Belgique).
Carte de répartition des exportations d’électricité, 2021, Source RTE
Sur le premier trimestre de l’année 2022, la France a perdu sa première place d’exportateur d’électricité en Europe, se faisant ainsi dépasser par la Suède.
C’est la conclusion du rapport réalisé par l’analyste de données énergétiques EnAppSys qui décrit la valeur des importations et des exportations en Europe au cours des six premiers mois de 2022.
Sur cette période, la France est passée de pays exportateur net d’électricité à pays importateur net.
RTE annonçait que la France avait un solde négatif de 1,5 TWh sur la période du 1er janvier au 31 mai 2022 alors que celui-ci a toujours été positif sur ces 5 dernières années enregistrées comme vu plus haut.
Répartition des coûts de l’électricité :
Votre facture d’électricité se compose des coûts liés à l’énergie qui ont explosé et pèsent environ pour 48% de votre facture, mais également de l’acheminement de l’électricité à hauteur de 31% et enfin, les taxes qui représentent près de 21%.
A) Les coûts liés à l’énergie :
Les prix de l’électricité sont très fluctuants depuis un an.
Sur le marché de l’électricité, le 24 juin 2019, les prix en France se situaient aux alentours des 50€/MWh. Depuis le mois de juillet 2022, les prix ont littéralement explosé pour atteindre jusqu’à 1442,29€/MWh à l’ouverture des marchés le lundi 29 août 2022, mettant ainsi le marché sous tension et les entreprises en difficulté.
Pour déterminer le prix de votre électricité, on se base sur la puissance de votre compteur ainsi que sur votre consommation.
C’est ensuite le type de contrat que vous aurez signé auprès de votre opérateur (EDF, Engie, Ekwateur, etc.) qui va permettre de connaitre le prix final de votre part énergie.
B) Des prix de gros de l’électricité indexés sur ceux du gaz ?
La méthode de fixation des prix de gros de l’électricité est remise en cause aujourd’hui.
Même si le prix est payé de manière identique par tous les consommateurs qui achètent l’énergie à des conditions égales, il y a certains principes qui font débat !
Notamment la logique du « Merit Order » qui correspond à une logique d’utilisation des différentes sources d’énergie par ordre croissant de coût marginal.
Elle induit que le prix va dépendre du dernier moyen de production appelé pour produire de l’électricité.
Si l’on fait face à une flambée des prix du gaz sur le marché, au moment où une centrale électrique au gaz entre en production (lors des pics de demandes notamment), les coûts de production de cette dernière s’appliqueront automatiquement à toute l’électricité produite sur le réseau interconnecté européen.
Ainsi, on peut dire que les prix de gros de l’électricité sont corrélés en partie sur les prix du gaz. Et c’est bien cela qui pose un problème aujourd’hui.
En effet, comme vu plus haut, la France produit majoritairement une électricité issue du nucléaire et de l’hydraulique qui sont des moyens de production bien moins coûteux.
Cela pénalise donc certains producteurs, mais surtout les consommateurs qui subissent donc des hausses de prix sur leurs factures.
Une alternative pour la France serait de sortir des mécanismes de marchés européens. Une solution qui semble être inenvisageable aujourd’hui.
Ce système a vraiment montré son impact en 2022.
En effet, le conflit entre la Russie et l’Ukraine a mis sous tension notre approvisionnement en gaz.
La Russie était jusque-là le principal fournisseur de gaz pour l’Europe via son gazoduc Nord-Stream. Mais avec ce conflit, elle a réduit considérablement ses importations, faisant exploser les prix sur le marché du gaz et participant de facto à la hausse vertigineuse des prix de l’électricité que nous avons connue à l’été 2022.
Aujourd’hui, l’Europe cherche donc à réduire sa dépendance au gaz russe et a lancé le plan « REPowerEU » dans le but de la réduire bien avant 2030.
C) Les coûts liés à l’acheminement :
Pour la partie acheminement, la principale composante est le TURPE.
Le TURPE (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Electricité) a pour but de couvrir l’exploitation des réseaux de distribution d’ENEDIS et des ELD (entreprises locales de distribution qui couvrent 5 % du territoire).
Les actions financées peuvent aussi bien être de l’entretien, du dépannage ou encore de la modernisation.
Pour information, c’est le TURPE qui finance la mise en place des compteurs Linky !
Méthode de calcul du TURPE
D) Les coûts liés aux taxes :
Il existe aujourd’hui 4 taxes sur l’électricité qui influent sur le montant de votre facture :
– La Contribution Tarifaire D’acheminement (CTA), qui assure le financement des retraites des agents travaillant à la gestion des réseaux de transport et de distribution de l’électricité.
– La Taxe Intérieure sur la Consommation Finale D’électricité (TICFE) ou Contribution au Service Public d’Electricité (CSPE) qui permet de financer le prix de rachat de l’électricité produite par des privés par le biais d’énergies renouvelables telles que le solaire ou l’éolien, de garantir un prix identique de l’électricité en métropole, DOM TOM et Corse (Péréquation tarifaire) et de financer le tarif social de l’électricité (aujourd’hui plutôt distribué sous forme de chèque énergie).
– Les Taxes sur la Consommation Finale d’Electricité (TCFE) qui comprennent la Taxe Départementale sur la Consommation Finale D’électricité (TDCFE) et La Taxe Communale sur la Consommation Finale D’électricité (TCCFE). Ce sont deux taxes qui permettent de financer le développement des réseaux électriques des communes et départements qui décident de leurs prix. Ces deux taxes vont être complètement intégrées à la CSPE courant 2023.
– La Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) dont le secteur de l’électricité n’est pas épargné, au même titre que de nombreux produits.
Plus d’information dans notre article dédié aux taxes !
E) Un accès pour tous à l’énergie nucléaire
Depuis l’ouverture du marché et l’apparition d’autres acteurs, l’état a mis en place un nouveau mécanisme, afin de permettre à toutes les entreprises françaises d’accéder à l’électricité nucléaire.
Il s’agit de L’ARENH (Accès Régulé à l’Électricité Nucléaire Historique) qui oblige EDF, exploitant historique, à revendre une part de son énergie produite avec ses centrales, au prix de 42€ /MWh. Cela dans le but de garantir un approvisionnement à prix coûtant pour les fournisseurs dits « alternatifs », et de favoriser ainsi la concurrence sur le marché de détail.
En tant que professionnels, vous pouvez souscrire auprès de ces fournisseurs à une offre qui intègre une part d’ARENH.
Défis et opportunités sur le marché de l’électricité en France
Aujourd’hui, le mix énergétique français dépend en grande majorité des énergies fossiles.
L’état français a entamé il y a déjà quelques années sa transition énergétique. En effet, le gouvernement a mis en place la PPE (La programmation pluriannuelle de l’énergie) qui encadre la politique énergétique que va suivre la France au cours de la prochaine décennie.
Cette PPE a été validée en 2020 et fixe les priorités d’actions pour que la France atteigne la neutralité carbone d’ici 2050. L’idée est que cette PPE soit révisée régulièrement !
Le premier objectif est la fermeture des dernières centrales à Charbon sur le territoire national. C’est déjà le cas aujourd’hui pour deux d’entre-elles parmi les quatre que compte la France.
La centrale Emile-Huchet de Saint-Avold (Moselle), a été remise en service fin 2022, pour pallier la baisse de production de nos centrales nucléaires pour cet hiver.
La quatrième centrale à charbon que possède la France, celle de Cordemais (Pays de la Loire), cessera son activité entre 2024 et 2026.
Il y a ensuite une volonté d’atteindre 40% de production d’électricité assurée par les EnR (solaire, éolien…) d’ici 2030.
Enfin, il y a une volonté d’arriver autour de 50% de part du nucléaire dans le mix électrique en 2035.
Pour répondre à ces objectifs, il faut donc continuer à développer de manière significative les énergies renouvelables.
En effet, ce sont des énergies qui n’émettent pas ou peu de déchets et qui sont inépuisables. De plus, elles ne produisent que très peu de gaz à effet de serre.
Aujourd’hui, il existe quatre grandes familles d’énergies renouvelables en France :
- L’énergie éolienne, alimentée par le vent avec des mâts qui peuvent se trouver sur terre ou en mer.
- L’énergie solaire, alimentée par le soleil avec des panneaux qui peuvent être posés soit au sol, ou sur le toit d’un bâtiment ou d’une maison. De nouvelles technologies sont aujourd’hui à l’étude, notamment des tuiles ou des fenêtres spéciales pour capter la lumière du soleil et la transformer en électricité. Ou encore des panneaux qui viennent se poser directement sur les murs extérieurs.
- La Biomasse, issue de matière organique d’origine végétale et animale qui est notamment exploitée via les méthaniseurs.
- L’énergie hydraulique qui est alimentée par l’eau via les barrages dédiés.
Cependant, un problème majeur demeure, on ne peut pas stocker l’énergie issue des énergies renouvelables. Elle doit donc être consommée tout de suite !
C’est pour cela que nous devrons garder une part importante du nucléaire dans notre mix énergétique pour maintenir au maximum notre souveraineté énergétique.
En tant qu’entreprise, vous avez aujourd’hui la possibilité de contribuer à cette transition énergétique, en fournissant des efforts de sobriété à travers diverses actions ou en souscrivant à des offres d’énergies vertes.
Chez Mon courtier énergie, nous vous proposons ces offres d’énergies vertes, issues de producteurs locaux, dont la source est tracée de bout en bout. C’est-à-dire que lorsque vous souscrivez à ce type d’offre, vous récupérez un certificat dit de « garantie d’origine » qui atteste que l’énergie que vous avez consommée vient d’une source verte.
Vous l’aurez compris, le marché de l’électricité est complexe. On retrouve des producteurs qui sont chargés de « fabriquer de l’électricité » (principalement EDF et ENGIE), un gestionnaire de réseau qui s’occupe de l’exploitation du réseau électrique (RTE), des distributeurs qui sont chargés de diffuser l’énergie au client final et de relever les compteurs, enfin des fournisseurs qui commercialisent l’électricité.
La méthode de fixation des prix de l’électricité est aujourd’hui remise en cause, car les prix de gros de l’électricité sont en partie indexés sur ceux du gaz (Merit Order).
La France se fournit principalement à partir de ses centrales nucléaires exploitées par EDF (près de 70% de son mix énergétique). Mais elle développe de plus en plus de nouvelles sources d’énergie (éolien, solaire, Hydraulique, biomasse).
Nul doute que ce marché continuera d’évoluer à l’avenir, notamment du fait de la transition énergétique entamée par l’état français.